Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Joachim Du Bellay est un poète du XVIe siècle, né à Liré. Le Grand Logis accueille un musée dédié à son oeuvre, sa vie et son époque.

Musée Joachim Du Bellay

LA STATUE DE JOACHIM DU BELLAY À ANCENIS : Une histoire de mémoire et de résistance

Érigée face à la Loire, en direction de Liré, village natal du poète, la statue en bronze de Joachim Du Bellay fut inaugurée le 2 septembre 1894 à Ancenis, sous l’impulsion de Léon Séché et du maire Monsieur Maillard. Cette œuvre, sculptée par Léofanti, représente le poète en costume noble du XVIe siècle, tenant un recueil poétique à la main. Il est tourné vers le château de la Turmelière et tourne le dos à la ville d'Ancenis.

©Musée Du Bellay

©Musée Du Bellay

Un projet contesté, porté avec conviction

 

Léon Séché, homme de lettres angevin (1848-1914) est à l’origine du projet. Il souhaitait mettre en lumière les grandes figures régionales, notamment Joachim Du Bellay. Pourtant la statue voulue par Léon Séché mit du temps à voir le jour, face au renoncement d’une partie des Angevins qui voyaient d’un mauvais œil qu’une statue du poète angevin soit installée en Bretagne.

Léon Séché fit face aux critiques en rappelant que Du Bellay se qualifiait lui-même de « clerc nantais » et que, jusqu’à la Révolution, Liré appartenait à la fois à l’Anjou et à la Bretagne. Il assura également que personne n’avait refusé aux Angevins d’élever une statue du poète sur leurs terres. Ses arguments finirent par l’emporter et le projet vit le jour, bien que Léofanti, le sculpteur, décédé en 1890, ne put jamais voir son œuvre installée.

La disparition de la statue sous l’Occupation

Pendant la Seconde Guerre mondiale, comme de nombreux monuments en bronze, la statue fut menacée de fonte par l’armée allemande. Les besoins en munitions étant grandissants du côté allemand, les monuments en bronze était devenu leur principale ressource. 

Hilaire Boursier, industriel à Ancenis, fut chargé par le « Groupement d’importation et de répartition des métaux à Paris » de démonter la statue de Joachim du Bellay et de l’envoyer à la refonte. 

C’est alors qu’intervint un acte de résistance discret mais déterminant : Hilaire Boursier pris la décision de cacher la statue dans son atelierA plusieurs reprises, les allemands lui ordonnent d'en faire la livraison mais il s'y refuse à chaque fois.

Cependant en 1942, malgré les injonctions répétées, il refusa toujours de livrer la statue. En guise de substitution, le maire d’Ancenis fit envoyer 150 kg de cuivre sur les 750 kg attendus par l’occupant. Afin de dissimuler la vérité le cuivre fut mélanger à de la vieille ferraille.

L’opération était risquée et Hilaire Boursier craignait les perquisitions à répétition des allemands. Alors, aidé de ses ouvriers, il enterra la statue dans son jardin pour la soustraire aux autorités. Haute de 2,10 m et pesant 730 kg, cette dernière resta cachée sous terre pendant deux ans, à l’insu de la population.

Pendant que la statue de bronze était présumée détruite, une statue de pierre fut commandée en 1943 par Robert Rey à Alfred Benon, sculpteur déjà connu pour ses bustes de Du Bellay.

© Boursier
© Boursier
© Boursier

© Boursier

La redécouverte et le retour triomphal

À la Libération, en octobre 1944, les Anceniens eurent la surprise de voir réapparaître la statue qu’ils croyaient perdue. La statue fut sortie de terre puis défila sur un char fleuri, accompagnée d’une muse tenant une lyre et d’hommes en costumes d’époque dans les rues d’Ancenis. Le 17 juin 1945, après nettoyage et restauration, elle fut remise en place sur les bords de Loire. Ce fut un moment fort de mémoire et de reconnaissance. La statue est toujours visible aujourd’hui proche du pont d’Ancenis.

L’œuvre d’Alfred Benon, fut terminée entre temps, elle trouva sa place à Liré le 24 aout 1947, en hommage au poète et à sa mémoire.

© Boursier © Musée Du Bellay
© Boursier © Musée Du Bellay
© Boursier © Musée Du Bellay

© Boursier © Musée Du Bellay

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article